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La France et l’Italie s’opposent sur la définition de la « sécurité »

25 février 2023

La France et l’Italie s’opposent sur la définition de la « sécurité »

L’Italie est le seul pays à avoir adopté une définition « nationale » du concept de « sécurité », alors que la France et l’Espagne y sont favorables.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a appelé à la « vigilance » sur la « sécurité » de l’Europe après le rejet par les Européens d’une proposition française sur la définition de la « sécurité » dans la zone euro.

« L’expérience de ces dernières semaines nous a montré combien les mots peuvent être trompeurs. En Italie, les mots de ‘sécurité’ sont considérés comme une arme contre les populations », a déclaré Jean-Yves Le Drian en marge d’un déplacement en Italie.

La Commission européenne et les 19 autres Etats de la zone euro ont proposé que la « sécurité » désigne la capacité d’une entité étatique « à faire face à une attaque » sur son territoire. Elle inclut les mesures « visant à renforcer la résilience » des institutions, des systèmes de sécurité et des populations « face à une attaque », y compris les mesures visant à « assurer un niveau minimum de préparation et de réaction » des autorités publiques en cas de crise, selon les textes de la proposition.

Selon le texte de la proposition, la « sécurité » peut se traduire par « la capacité d’un Etat à faire face à des agresseurs, y compris à des menaces terroristes, à prévenir des attaques » et « à garantir la protection des populations ».

Les Européens « veulent la sécurité comme un élément positif de la politique et des politiques de l’Union européenne », a affirmé le ministre français lors de ce déplacement à Rome, « mais c’est un terme qui peut être utilisé pour des raisons différentes » au sein des 19 membres de la zone euro, a-t-il nuancé.

Mais la France et l’Espagne ont exprimé leur opposition, et ont appelé à un consensus entre Etats européens afin « de ne pas créer de confusion », a déclaré mardi à l’AFP le porte-parole du gouvernement espagnol, Alfredo Perez Rubalcaba.

« Ce que nous devons faire maintenant c’est de prendre une décision sur la définition (...) et je crois que la France a fait ce qu’il fallait faire, mais il y a aussi beaucoup d’arguments pour l’Espagne qui a été également favorable à la proposition de l’Italie », a-t-il ajouté.

La proposition de la France a été adoptée par la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international, l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) et la Commission européenne.

Le ministre français de l’Economie a expliqué que le projet de définition de la « sécurité » devait être adopté « pour une application immédiate », afin de « protéger les personnes » de la « menace » de la violence extrémiste et de « permettre aux États membres de se concentrer sur les mesures qui les rendent plus résilients » face à une attaque.

« Nous avons besoin d’une approche globale de la sécurité », a-t-il souligné lors d’un déplacement à Rome. « Nous avons besoin que les mesures de sécurité soient prises par les Etats membres qui les prennent les uns après les autres, avec une vision globale », a-t-il poursuivi. « Nous devons également être vigilants sur les mesures que nous prenons ensemble », a-t-il ajouté.

Il a évoqué notamment une nouvelle directive européenne qui doit définir des mesures de « protection des données » contre la cybercriminalité, « une vraie priorité » selon lui. « Il ne faut pas que les Etats membres se contentent de prendre des mesures de sécurité dans leur législation », a insisté le ministre, « nous devons prendre des mesures pour les mettre en oeuvre dans la réalité ».

La France et l’Espagne ont aussi appelé la Commission à la vigilance sur la « sécurité » de l’Union européenne qui « doit faire l’objet d’une analyse et d’un débat politique », a dit le ministre français.

« La situation est différente pour les Etats-Unis et pour la Chine », a reconnu Jean-Yves Le Drian, qui a rencontré lundi son homologue américain, Antony Blinken, à Washington. « Mais la France, l’Espagne, l’Italie... sont des acteurs (...) qui ont leur part de responsabilité », a insisté le ministre français. La France et l’Espagne sont « unies » sur la nécessité de « renforcer la sécurité » dans l’UE, a dit Jean-Yves Le Drian.

« Les Américains n’ont pas peur de la sécurité européenne, ils n’ont pas peur du concept de ‘sécurité’, mais nous devons le défendre. Nous le faisons en étant vigilants », a souligné le ministre espagnol.

L’Espagne a rappelé sa « volonté » d’appliquer une « législation adéquate » en matière de sécurité et de « sécurité intérieure », et de « coopérer » avec ses voisins et ses partenaires européens, selon les propos du ministre espagnol. « Nous sommes un pays avec des frontières, avec des liens qui peuvent être des plus importants et des plus forts », a-t-il dit, en ajoutant que son gouvernement « ne peut pas attendre les décisions des autres ».

« Nous avons le droit d’être vigilants (...) nous avons le droit de prendre des mesures, nous avons le droit de dire que nous devons prendre des mesures », a-t-il insisté.

L’Italie a adopté une définition du concept de « sécurité » plus large et « inclusive » en 2015, et a rejoint depuis d’autres pays européens dans le concept d’« Union de la sécurité » pour mieux coordonner les politiques de sécurité. « Les Européens doivent travailler ensemble pour que le niveau de sécurité européen soit élevé », a souligné le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio.

« La France et l’Espagne ne sont pas les plus grandes d’Europe, mais nous sommes unis dans cette idée de sécurité », a-t-il estimé, en ajoutant que « ce sont les Etats-Unis » qui peuvent « faire la différence ».

La France et l’Espagne sont les plus grandes économies de l’Union européenne mais elles ne font pas partie de la zone euro et n’ont donc pas le même poids dans les institutions européennes. Elles sont en revanche unies sur la question de la « souveraineté économique », comme la Grande-Bretagne, la Pologne, la République tchèque et d’autres pays européens l’ont exprimé, selon M. Di Maio.

Le chef de la diplomatie française a salué le « rôle de l’Europe » dans la lutte contre le terrorisme, « qui nous permet d’agir » en Syrie, en Libye ou encore en Irak, où « les terroristes se sont attaqués à l’Europe ». « Ce qui s’est passé aujourd’hui est un message fort adressé aux terroristes : l’Europe est là », a-t-il dit, « nous ne pouvons pas laisser l’UE seule face au terrorisme ».

Le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, a affirmé mardi avoir « eu un échange avec le ministre italien de la Défense, et il a pu dire son sentiment sur le niveau de coopération en matière de défense » entre les deux pays et « sur les liens entre la France et l’Italie ».

La France et l’Italie ont signé en 2014 un accord bilatéral en matière de défense, qui prévoit la livraison de douze avions de chasse à la Luftwaffe allemande, pour un montant de 3,6 milliards d’euros, et la construction d’un troisième porte-avions français.

Les deux pays ont récemment décidé d’augmenter leur coopération militaire, notamment en matière de renseignement. « La France est favorable à ce que l’Italie et l’Espagne participent aux opérations antiterroristes », a déclaré le ministre de l’Intérieur, italien Matteo Salvini, lors d’une conférence de presse lundi.

Ces dernières semaines, l’Italie a envoyé 200 hommes dans des zones de conflits, à la demande de l’Union européenne ou de l’ONU, où elle était considérée comme une « cible ». L’Espagne a pour sa part envoyé 2 000 soldats dans la région du Sahel en appui à la force française Barkhane, déployée depuis 2014 au Mali.

Samedi, le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, avait estimé que « l’Italie est la seule vraie puissance européenne », en appelant à une « nouvelle Europe ».

Il s’est ainsi dit favorable à la mise en place d’un « Fonds de stabilisation » destiné à « soutenir les pays européens » en cas de crise. « Nous sommes prêts à aider les pays européens en cas de crise, avec une assistance technique et matérielle, mais pour l’instant nous n’en avons pas besoin », a-t-il dit.

La France et l’Espagne sont les deux plus grandes économies de l’Union européenne mais elles ne font pas partie de la zone euro et n’ont donc pas le même poids dans les institutions européennes.